Avant qu’il y ait rupture, il y a fragilité.
Avant qu’il y ait urgence, il y a dépendance.

Buffer, c’est ce que tu mets en place quand tout va bien, pour ne pas être pris au dépourvu quand tout lâche.

Tu es en BKR 5 ?
Parfait.
C’est le moment idéal pour amortir le choc avant qu’il arrive.

Le rôle du Buffer

Le buffer, c’est :

la marge entre ta vie confortable et ta vie autonome,

le temps gagné quand tout se bloque,

l’espace mental entre panique et calme stratégique.

C’est ton pare-chocs personnel, qui t’évite de passer de 100 km/h à 0 sans airbags.

Concrètement, Buffer = anticiper doucement

À ce stade (BKR 5–4), tu poses juste 3 fondations simples :

Petite réserve 72h

Eau, nourriture, lumière, hygiène → tu peux tenir sans aide

Organisation mentale et logistique

Où sont tes documents importants ? As-tu un point de repli ? Un sac prêt ? Qui fait quoi en cas de pépin ?

Partage discret avec tes proches

Sans dramatiser. Tu prépares ensemble, comme on répète un exercice d’évacuation incendie.

Philosophie du Buffer

Anticiper, ce n’est pas s’angoisser.
C’est respecter ta vulnérabilité et celle des tiens.

Tu ne te prépares pas parce que tu es parano.
Tu te prépares parce que tu veux garder ton calme quand les autres paniqueront.

KEEP, c’est ce que tu fais quand la tension monte
mais que tu n’as pas encore basculé en mode survie.

C’est le moment où le système se dérègle partiellement :
pas de chaos total, mais les signaux sont clairs : pénurie locale, coupures intermittentes, réseau saturé, climat social tendu, voisinage inquiet.

Tu es en BKR 3 ou BKR 2.
L’enjeu n’est plus de prévoir. Il est de tenir.

Le rôle de “Keep” : stabiliser malgré l’instabilité

Keep, c’est :

- rationaliser tes ressources (ne pas vider tout ton stock d’un coup),

- maintenir un rythme calme et efficace (pas de panique),

- protéger ton espace de stabilité (famille, logement, infos fiables).

Ce n’est pas encore le moment de fuir.
Mais c’est le moment de consolider.

Keep = tenir concrètement, sans s’épuiser

Rationne intelligemment

Évite le tout ou rien. Calcule sur 3 jours. Puis sur 7.

Décide ce que tu consommes, ce que tu gardes, ce que tu peux recharger ou reconstituer.

Structure tes journées (repas, veille info, repos, surveillance).

Protège ton cercle

Réduis les interactions non utiles.

Calme les tensions internes.

Garde le contact avec les proches, mais filtre les infos anxiogènes.

Philosophie du Keep

Le stress ambiant est contagieux.
Le calme aussi.

Dans cette phase, ton rôle est d’éviter l’emballement.

Tu n’es pas là pour tout maîtriser.
Tu es là pour tenir ta ligne pendant que le reste tangue.

React, c’est le moment où on ne tient plus,
où il faut agir vite, fort, lucidement.

Tu es en BKR 1.
La situation est instable, voire dangereuse.
Les règles normales ne fonctionnent plus :

rupture d’approvisionnement sévère, danger direct (violence, incendie, effondrement), ordre d’évacuation, isolement prolongé sans filet.

Il ne s’agit plus d’optimiser ton autonomie, mais de préserver ta vie, ta sécurité, ton intégrité mentale.

Le rôle de “React” : basculer sans te figer -> Réagir

La phase React, ce n’est pas “improviser”.
C’est déclencher un protocole que tu avais prévu à froid pendant les phases Buffer ou Keep.

Tu ne penses plus.
Tu exécutes ce que tu as préparé.

React = des réflexes clairs et vitaux

Décision rapide

Rester ? Partir ? Se cacher ? Sortir ?

Tu dois savoir évaluer la menace réelle, pas seulement l’émotion.

Action immédiate

Si évacuation : sac prêt, point de repli, trajet en tête.

Si repli : sécurisation du logement, rationnement fort, silence info

Cohésion minimale

Famille ou groupe → rôles actifs, pas de dispersion

On suit la personne en lead. Pas de débat en urgence.

Maintien du mental

Routines, respiration, ancrage → pour éviter l’effondrement intérieur

Ne jamais prendre de décision importante dans un pic de stress

Philosophie du React

Ce que tu fais dans les 10 premières minutes de crise
détermine souvent les 10 prochains jours.

Tu n’as peut-être plus de réseau, plus d’aide, plus de confort.
Mais tu as encore : ton calme, ton plan, et ta capacité à protéger ce qui compte.

En résumé du système BKR :
Niveau    Phase    Objectif principal
BKR 5    Buffer    Anticiper, amortir, préparer
BKR 3    Keep    Maintenir, gérer la tension
BKR 1    React    Agir, protéger, survivre

Plus tu montes, plus tu relies ton action à ton ancrage mental.

Pas besoin de basculer en mode “survie”.
Juste anticiper à bas bruit, sans que ta vie change radicalement.

Créer un mini stock 72h

Eau, nourriture sans cuisson, hygiène

À consommer et remplacer régulièrement

Préparer un kit lumière

1 lampe frontale

1 power bank chargée

1 prise multiprise indépendante

Lister les infos vitales

Contacts imprimés

Photocopies d’identité

1 plan papier de ton quartier

Fixer 2 points de repli : en cas d’évacuation, en cas de perte de contact familial.

Commencer à en parler calmement

“Et si on n’avait plus de réseau pendant 24h ?”
Un jeu avec les enfants, un débat entre amis. Juste pour y penser.

BKR 4 = premiers signaux, derniers instants pour se renforcer discrètement

Tu es encore dans une phase fonctionnelle, mais des tensions apparaissent :

rayons vides en magasin, coupures d’électricité localisées, crise logistique ou rumeurs crédibles, atmosphère sociale plus tendue que d’habitude.

Tu n’es pas encore dans l’action de crise,
mais tu n’es plus au calme non plus.

Le moment est parfait pour renforcer ta structure sans tirer la sonnette d’alarme.

Renforcer ton stock sans te faire remarquer

Tu ne fais pas un “raid de panique”. Tu complètes méthodiquement ce que tu avais déjà commencé en BKR 5 :

double ration d’eau, piles, conserves, hygiène

quelques éléments supplémentaires de confort : gaz, filtre, café, pain sec…

> Astuce : répartis les achats sur plusieurs jours et lieux pour garder une image “normale”.

Vérifier (ou créer) tes kits d'urgence

Sac d’évacuation, kit maison, trousse voiture

Ce n’est plus du théorique :

tu vérifies les batteries, les dates de péremption, les emplacements

tu mets à jour ta fiche contact / fiche médicale

tu te fais une checklist prête à imprimer ou à coller sur ta porte

S’organiser avec ton cercle proche

Le moment idéal pour poser les bases sans les brusquer

“Si un jour on ne peut pas s’appeler, on se retrouve où ?”

“Tu aurais quoi chez toi pour tenir 3 jours sans eau courante ?”

“Si j’ai besoin de poser les enfants une nuit, tu peux ?”

> Tu ne fais pas peur. Tu cultives l’entraide semi-préparée.

Faire un test “soft” de 24h

Une journée sans électricité ou sans sortir de chez toi

Tu identifies : ce qui manque vraiment (lumière, café, lien, confort ?), qui s’adapte et qui craque, où tu peux améliorer.

> Note les manques. Corrige dans la foulée.

Réduire ta dépendance volontairement

C’est ici que tu gagnes en autonomie réelle :

déplacement à pied ou à vélo → test logistique

commencer à chauffer ou cuisiner autrement (même partiellement)

> Chaque dépendance supprimée est une angoisse évitée en BKR 3.

BKR 4 n’est pas encore le moment de fuir

C’est le dernier moment pour structurer en paix.

En BKR 4, le stress commence à circuler dans l’air.
Toi, tu deviens un point de stabilité.

Tu ne crées pas le mouvement.
Tu prépares à l’absorber sans basculer.

BKR 3 = instabilité visible, fonctionnement dégradé

Les premiers déséquilibres sont là : ruptures partielles de réseau ou d’approvisionnement, rumeurs persistantes ou agitation visible, institutions moins réactives, signes clairs que “ça ne tourne plus comme avant”.

Tu n’es pas encore en rupture,
mais tu sais que ça peut tomber très vite.

Passer en mode économie “souple”

Tu ne consommes pas ton stock de crise.
Tu ralentis ta consommation normale.

Tu prévois des repas plus simples.

Tu réduis les dépenses énergétiques.

Tu réorientes tes habitudes pour gagner de la marge.

> Objectif : garder ton autonomie intacte le plus longtemps possible.

Mettre à jour ton plan d’évacuation et de repli

C’est maintenant qu’on clarifie les points flous.

Où aller si tu dois partir demain ?

Que faire si tu es séparé de ta famille ?

Le sac d’évacuation est-il prêt et complet ?

> Si tu dois bouger, tu n’improviseras pas.

Faire un point avec ton cercle proche

Tu peux encore coordonner sans tension, c’est précieux.

Qui dort où ? Qui est où en journée ?

Avez-vous un canal commun ? Une routine d’échange ?

Que fait chacun si le réseau tombe ?

> Tu ne seras pas fort seul. Tu seras solide si chacun sait quoi faire.

Commencer à sécuriser ton périmètre

Pas barricader. Juste protéger, simplifier, verrouiller.

Revoir les accès (portes, fenêtres, stores)

Ranger l’extérieur (limiter ce qui attire ou gêne)

Réduire ta visibilité (lumière, bruit, comportements ostentatoires)

> Le calme apparent ne doit pas t’empêcher d’anticiper l’agitation.

Basculer en “veille active”

Tu surveilles l’évolution toutes les 6–12h, pas toutes les minutes.

Infos : uniquement sources fiables

Comportement du voisinage

Réactivité des services (retards, coupures, annonces)

Ton propre ressenti : sommeil, énergie, tension

> Objectif : prévoir le glissement vers BKR 2 avant qu’il soit là.

En résumé

BKR 3, c’est la bascule lente.
Tu passes d’un mode normal à un mode tactique.

Tu ne cries pas.
Tu ne fuis pas.
Mais tu n’es plus “dans la norme”. Tu es en pré-crise maîtrisée.
Et ce que tu fais maintenant déterminera ta capacité à tenir demain.